jeudi 13 décembre 2012

Ace Attorney - Analyse Jeux Vidéo

Bien que les jeux sans intérêt ne soient plus à compter sur Nintendo DS, il demeure quand même des titres exemplaires qui ont honnêtement gagné leurs lettres de noblesse et qui n'ont rien à envier aux AAA sur console.
Parmi eux, les opus et spin-off de la série Ace Attorney, qui ont marqué tout une génération de joueurs, moi compris.


Nous suivrons le plan suivant :
  1. Introduction
  2. La visual-novel revisité
  3. Une forte influence manga
  4. L'intrigue judiciaire ludique
  5. Conclusion

Introduction 


La trilogie des Ace Attorney nous met aux commandes de l'avocat à la coiffure hérisson, Phoenix Wright.
Le jeu est basé sur une alternance entre des phases d'enquêtes servant à récupérer des indices et des phases de procès où il s'agira de défendre son client.

Initialement sortie exclusivement au Japon sous le doux nom de Gyakutensaiban, la trilogie d'origine était réservée à la Gameboy Advance et il fallut attendre les portages sur Nintendo DS pour pouvoir y jouer avec l'alphabet latin. Dans leur sillage, des spin-off de qualité sont sortis à leur tour.

Disparu des écrans depuis des portages sur Wii et iOS, Phoenix Wright reprendra du service sur 3DS au côté de l'autre grande figure de la portable de Nintendo dans un cross-over nommé "Professeur Layton vs Ace Attorney", en attendant un Ace Attorney 5 lui aussi annoncé.

La visual-novel revisité


Le succès de Ace Attorney signe avant tout le renouveau d'un genre : la visual-novel.
Genre prépondérant de la scéne vidéoludique nippone, peu sont les jeux du genre à être crées en occident et encore plus rares ceux qui ont du succès. Cela met en évidence une réelle différence entre les façons d'aborder la narration vidéoludique entre les deux publics.

Cependant, Ace Attorney a su se faire une place sur les deux rives de l'Atlantique Nord en reprenant les codes d'un genre bien de chez nous : le jeu d'aventure point&click.
En effet, si le jeu reste avant tout textuel, il est bien difficile de s'en rendre compte tellement le joueur est sollicité.

Durant les phases d'enquête, vous pourrez fouiller environnement, changer entre les différents lieux, déclencher des dialogues avec les personnages voir essayer de leur faire sortir des informations capitales à l'aide de preuves.

Durant les phases de procès, il faut être constamment aux aguets de la petite faille qui fera s'effondrer la plaidoirie adverse. Vous passerez énormément de temps à lire les témoignages et à interroger le témoin. Des mécaniques supplémentaires viennent s'y ajouter selon les opus comme par exemple la possibilité de repérer les tics mensongés de l'interrogé.

Peu à peu, vous vous prenez au jeu et les longues lignes de dialogues deviennent de passionnantes chasses à l'indice. Sans proposer de scénario interactif, le jeu parvient à vous maintenir en dedans juste en vous offrant la possibilité d'agir et d'expérimenter à votre guise, en vous laissant maître de vos déductions.

Une forte influence manga


Si le fantasme du justicier y est pour beaucoup dans l'ambiance du jeu, c'est surtout son univers délirant et ses personnages hauts en couleurs qui font le charme de la série.
De sacrées personnalités qui tirent toutes leur influence des archétypes du manga. Leurs traits de caractère comique alliés à des gags à répétitions agrémentent régulièrement de petits sourires l'expérience du joueur.
Inévitablement, on se prend de sympathie pour cette bande de joyeux lurons, dont la colonne vertébrale réapparait dans chaque opus.

Les grands méchants sont aussi bien travaillés. Il est jouissif de les voir exploser nerveusement lorsqu'on les met dos au mur. Les expressions de visage et les maigres animations remplissent avec brio leur office et c'est sans compter les efforts de mise en scène qui là encore, bien que minimalistes, rendent bien compte de l'ambiance.


L'autre similitude qui fait penser aux mangas est la division en chapitre au sein des opus. Une orientation à la sérialisation qui si elle peut paraitre simplement esthetique au départ, apporte beaucoup à la narration. Sans liens apparents au départ, les affaires se succèdent pour souvent converger sur un final en apothéose.

On observe aussi la présence d'affaires "flashback" qui sont un régal pour le joueur qui appréciera d'avoir des détails sur le passé des personnages charismatiques. Ces enquêtes sont d'autant plus agréable que se sont elles qui permettent de faire le lien entre les affaires.

Le fantastique a aussi une place de choix dans l'univers de la série, n'en déplaise à M. Van Diene et ses célèbres 20 règles du crime d'auteur (voir la 8ème règle). Cela apporte beaucoup à l'ambiance du jeu et confirme cette dévotion à l'univers manga.

L'intrigue judiciaire ludique


Le dernier point que nous allons aborder est sans doute celui qui fait de cette série une œuvre d'exception : la qualité des intrigues et leur investissement ludique.

Jamais la première des 20 règles de Van Diene n'aura été aussi sollicitée : "Le lecteur et le détective doivent avoir des chances égales de résoudre le problème."

Car c'est bien là tout le problème posé par les policiers vidéoludiques. Si on veut offrir une expérience interactive digne de ce nom, on doit mettre dans les mains du joueur, qui n'est pas forcément détective de son état, tous les indices pour lui permettent de faire ses propres déductions.

Le game design des Ace Attorney a été pleinement pensée dans ce sens : la possibilité de confronter les témoins aux éléments du dossier permet d'offrir au joueur un moyen d'exprimer ses déductions sans pour autant avoir à lui donner la main.

Si ce gameplay aurait pu être bien répétitif à la longue, il n'en est rien car le jeu innove sans arrêt. Les mécaniques et les règles tacites auquelles le jeu nous accoutume finissent par se rénover, passant par des procédures de raisonnement de moins en moins standard, allant même jusqu'à s'amuser de la façon de faire du joueur.

Reste à souligner le travail remarquable réalisé par les écrivains de chez Capcom.
Quand on connait la complexité créative dont est sujet la fiction détective, on ne peut rester qu'admiratif devant la qualité narrative proposée. Je ne parle pas ici d'originalité, qui reste un point fort de la série, mais de la relation au spectateur-joueur.
Les fausses pistes, les retournements de situation et les déductions sont poussés à un autre niveau sur le plan de l’interactivité pour immerger d'autant plus le joueur dans le rôle de l'avocat et lui fournir toutes les cartes de l'affaire.

Mais je pense que, bien au-delà de toute considération pour le background créatif du jeu, l'apogée de l'expérience qui nous ai proposé reste cette instant de jouissance suprême qui survient lorsque vous vous égosillez d'un "OBJECTION !" dans le microphone de la DS et que le thème Cornered se met à retentir pendant que vous rendez justice, le doigt pointé vers l'horizon...


Conclusion


Dans la catégorie des jeux innovants en matière de narration vidéoludique, la série des Ace Attorney est un cador dont on attend avec impatience la suite.

Sa capacité à immerger le joueur dans le rôle de l'avocat permet de le confronter à une vraie enquête interactive, ou tout du moins à lui donner un sentiment de liberté palpable.
Comme quoi l'immersion peut se passer de vue subjectif et de photoréalisme...

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