mardi 21 août 2012

Mushishi - Analyse Anime

Continuons de faire le tour de mes horizons. Aujourd'hui, on s'attaque à la japanimation.
Je ne vais pas m'attaquer à mes animes préférés dès le début mais je porte un profond respect à celui dont nous allons parler car je le considère comme un chef d'oeuvre du genre.
Nous allons nous extasier devant Mushishi.



Nous allons suivre le plan suivant :
  1. Présentation
  2. Un récit épisodique
  3. Entre peur et fascination
  4. La poésie malgré l'exotisme
  5. Une bande-son grandiose
  6. Conclusion

Présentation


Mushishi est l'adaptation du manga éponyme signé par la mangaka Yuki Urushibara.

L'anime a été produit par le studio Artland et diffusé pour la première fois d'octobre 2005 à juin 2006 sur l'archipel nippon.

L'histoire tourne autour des Mushis, des espèces primaires de vie à l'origine de tout un tas de phénomènes que l'homme juge paranormaux.
On suivra les péripéties de Ginko, notre héros aux cheveux blancs, dans un Japon féodal.
C'est un Mushi-shi, un érudit qui voyage afin d'étudier les mushis.

Cette anime à contre-courant de la culture manga habituelle a su faire son trou grâce à l'extraordinaire ambiance qu'il dégage. La série connue a aussi été adaptée au cinéma.

Un récit épisodique


La première particularité de Mushishi est sa structure narrative.
L'anime est raconté de façon épisodique. Chaque épisode propose une nouvelle histoire autour d'un nouveau mushi et chacune de ces histoires parvient à une finalité au terme de l'épisode.

La chronologie des épisodes est aussi délibérément très vague. Les indices temporels sont très rares et les références entre les épisodes sont subtiles. Parfois, vous obtenez des petites explications autour d'objets apparus quelques épisodes avant, contentant votre soif d'en savoir plus sur le passé de Ginko.
Toutes ces imprécisions ne sont pas pour autant un mal. Au contraire.

Chaque épisode est vécu comme un film. Quand arrive le générique, vous avez tellement été pris de fascination par l'histoire que vous avez l'impression de sortir d'un cinéma.
Mushishi, c'est 26 courts métrages de 24 minutes avec un début, un milieu et une fin et dont Ginko et les Mushis sont les seuls éléments redondants.

Parlons d'ailleurs de la narration à l'intérieur des épisodes.
Ce qui est intéressant, c'est la présence de Ginko (le personnage principal donc) au sein des épisodes. Si la majorité du temps on le suit tout du long, Ginko est parfois relégué à une position de personnage secondaire.

Il arrivera ainsi qu'on suive principalement l'histoire d'un personnage en proie à un mushi et Ginko fera seulement une intervention de 5 minutes.
Cela renforce grandement l'impression épisodique et cinématographique. On n'est pas constamment derrière Ginko et cela montre bien que ce qui est au centre de l'anime, ce ne sont pas ses aventures mais les histoires de mushis.

Entre peur et fascination


Pour comprendre le charisme de cet anime malgré sa divergence apparente avec l'univers manga, il faut s'intéresser à ce qui est au centre de la série : les mushis.

Nos mushis sont donc des formes de vie primaire qui n'apparaissent qu'à certaines personnes. On peut ainsi distinguer une population des élus.
Paradoxalement, ce sont eux qui sont les plus vulnérables à l'influence des mushis. Ils sont de plus marginalisé par ceux qui ne voient pas. On leur attribue la folie, la démence.

Les mushis appartiennent à l'ordre du vivant. Ils ont parfois des comportements végétales voir animaux. Ils ne sont pas hostiles à l'homme : ils se contentent de vivre et de survivre.

À la fois tellement vivants mais tellement différents, ils nous renvoient à la vie primitive, ce simple besoin de survivre en tant qu'individu. Et de par la façon qu'ils influent sur notre univers connu, il se crée toujours ce mélange d’émerveillement et de peur à leur égard. Comme pour un enfant qui verrait l'océan pour la première fois.

Le spectateur, comme les personnages, est confronté à sa perception de l'inconnu. Il est renvoyé à sa propre condition humaine et son besoin de sans cesse comprendre le monde qui l'entoure.

Chose rare, certains épisodes se terminent tout simplement mal. Comme pour mieux nous montrer que l'ordre des choses ne va pas forcement dans le sens des valeurs humaines.
Il n'est pas question de bien ou de mal. Simplement de vie.

La poésie malgré l'exotisme


Malgré cette tendance pour le fantastique et l'occulte, il se détache une immense poésie des histoires qui nous sont racontées.
Cela est dû au fait que les mushis sont sans cesse rattachés à un semblant de légendes et de croyances populaires. Ils ne modifient pas les règles du monde et ne créent ainsi jamais une séparation avec le réel.

Touts les phénomènes dont ils sont à l'origine sont concevables pour le spectateur mais en restent tout du moins surprenants de par la sensibilité avec laquelle ils sont traités.
L'exotisme que suscitent souvent la fiction et le fantastique n'a pas sa place ici. La barrière à partir de laquelle nos connaissances et certitudes sur le monde réel n'ont plus de sens n'est jamais franchie.
Elles sont juste romancées par une mise en situation particulière, en faisant appel à des contextes poétiques préexistants.

Ce n'est pas une nouvelle dimension qui s'ajoute mais la nôtre qui s'étoffe. C'est de cette harmonie des mushis avec la nature que se crée la poésie.

Une bande-son grandiose


La bande son de Mushishi est juste l'une des plus originales et des plus qualitativement équilibrée qui soient.
Derrière cette œuvre majeure se cache un monsieur déjà bien connu pour son utilisation des sonorités traditionnelles, Toshio Masuda, aussi célèbre pour être derrière les musiques de ... Naruto.
(dont ont signalera au passage leurs excellentes qualités)

Toute l'ambiance de l'anime se ressent derrière ses morceaux : le calme pesant, l'harmonie de la nature, la poésie de l'instant et émerveillement face au fantastique.
Il suffit de les entendre résonner durant le générique pour passer dans un état second.

Je vous renvoie à une playlist des OST de Mushishi : Lien Youtube

L'opening de la série est lui-même très sympa. Signé par Ally Kerr, un chanteur-auteur-compositeur écossais, la chanson "The Sore Feet Song" a su s'imposer dans les karaokés japonais, à la plus grande surprise de l'intéressé.


Conclusion


Mushishi est un anime qui envoute littéralement le spectateur. Vous n'êtes pas simple observateur car vous subissez aussi l'action.
Il ne vous laisse aucun répit. Vous êtes happé par l'ambiance et vous vous laissez aller à contempler cette toile vivante.
C'est un anime humain de par la volonté qu'il a de nous marquer.

1 commentaire:

  1. La description faite par Rémi Morillon de ce chef d'oeuvre est excellente.
    Mushishi est réellement un manga atypique, inclassable parmi les genres traditionnels. Certains ne supporteront pas cette "bizarrerie", d'autres (comme moi) seront tout simplement "happés" par un univers si fascinant, envoutant.
    Qu'on déteste ou qu'on adore, une chose est sûre, ce manga/anime ne vous laissera pas indifférent.

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